Bonjour à tous,

Aujourd’hui, après de nombreux mois d’absence, je tenais à vous en expliquer la ou les raisons.

La plupart d’entre vous le savent mais pas tous. J’ai eu envie de reprendre un peu le blog mais je ne pouvais revenir comme une fleur, sans explication.
En écrivant ces mots, je ne sais pas encore comment je vais m’expliquer, les sujets que je vais aborder, la limite avec ma vie privé. Je pense que je vais écrire tout simplement, et puis on verra bien.

En octobre 2017, j’apprends que ma maman est atteinte d’un cancer. Elle a l’air confiante mais me dit qu’elle ne souhaite pas en savoir plus sur son état de santé. Elle n’aime pas les mauvaises nouvelles. Je décide de prendre les choses en main. Je contacte le médecin qui la suit. Le verdict tombe comme un coup de massue: son cancer est déjà au stade 4 (stade terminal), les métastases se sont répandues depuis bien trop longtemps… « votre maman ne s’en sortira pas ».

…. Comment accueillir cette nouvelle? S’effondrer? Garder la face? J’ai fait les deux. Je m’effondre à la maison, je garde la face en public.

Les mois qui ont suivi ont été, comme vous l’imaginez, les pires de ma vie. J’habite à 800 km de chez ma mère. Les aller-retours ont commencé. Veiller sur elle, l’accompagner à l’hôpital pour ses chimiothérapies, ses rayons, toutes ses hospitalisations post-chimio, c’était devenu ma priorité.

Ce sont des mois et des mois d’une grande solitude que j’ai vécu. On a beau être « entouré », on est seul au fond. Personne ne peut se rendre compte de ce que c’est de s’occuper d’une personne (de sa mère) malade, pas toujours facile à vivre, pas facile à convaincre de se soigner. Il faut garder des forces, encaisser, se battre, pour 2.

Plus le temps passait, plus je la voyais décliner et moins j’avais envie d’y aller. Je n’en pouvais plus de la voir dans cet état et en même temps je m’en voulais. J’ai énormément culpabilisé. J’avais envie laisse tomber, j’avais envie qu’on me foute la paix. Je voulais juste que tout ça ne soit pas vrai. Il n’était pas envisageable que je perde un jour ma maman, pas maintenant.

J’ai commencé à courir grâce à une amie qui m’en a donné le gout (et qui me suis encore au quotidien dans cette quête du mieux être). Ça m’a fait beaucoup de bien d’avoir un autre objectif que soigner ma mère. Soigner ma mère était un objectif voué à l’échec, même si j’y ai cru. Courir c’était faisable. Alors j’ai couru, couru, couru sans m’arrêter pendant plusieurs mois.

Puis j’ai eu besoin d’évasion. Je suis partie en vacances aux Etats-Unis. Ma mère m’a fait promettre de lui écrire quand j’étais la-bas. Je lui ai de toute façon toujours écrit quand je suis partie à l’étranger. Ça la faisait voyager. Je lui ai donc écrit une jolie carte de Miami. On s’est appelé. Ça ne captais pas bien mais elle avait l’air en forme. Elle ne se plaint que de ne plus marcher. Elle était en fauteuil depuis plusieurs semaines maintenant et c’était sa seule plainte.

Je suis rentrée de vacances mi juillet. On avait prévu de se voir en août et s’organiser une super journée plage avec mes soeurs. Elle me disait qu’avec son fauteuil, la plage ça serait pas facile. Je lui avait dit qu’on se ferait une petite folie : « on va louer des transats maman et on se payera des cocktails ! » « on verra ma fille »… « non on verra pas maman, on le fera! et puis en aout, je t’emmène à la dune du pilât » (elle en parlait souvent, elle voulait y aller).

Le 26 juillet, tout s’effondre lorsque l’hôpital m’appelle pour m’annoncer son décès, elle qui allait bien le matin…

J’ai pris la route en pleine nuit pour rejoindre mes soeurs et pour organiser la suite, pour elle, pour nous.

J’étais chez elle, alors qu’elle n’y était plus. C’était le vide le plus complet. Et trônais en bonne place, sur un meuble, ma carte de Miami. Je l’ai relu. J’ai relu aussi toutes les autres que je lui ai écrit pendant l’année et dans lesquelles je lui sommais de se battre. Et je me disais, comme pour me faire encore plus de mal, que quand je les avais écrit, elle était encore là.

Bien que les nombreux détails qui ont composé cette dernière année aient leur importance, je ne me suis pas attardée dessus par pudeur. Je voulais simplement que vous sachiez pourquoi j’ai été si longtemps absente.

Aujourd’hui, j’essaye de tenir debout, pour elle.

Je vous embrasse bien fort et vous dit à très vite